Un sentiment d'espoir et de joie. Un sentiment de bonheur et de renouveau. Un sentiment de différence et de douleur. Un sentiment d'abandon. Pleins de sentiments étranges se mélangeaient dans sa tête. Agathe pensait. Plus elle avançait vers ce château dont elle avait tant rêvé, plus ses sentiments se confondaient. Auprès d'elle, la belle tigresse blanche, Mûrya la regardait, d'un air observateur. Son amie avait énormément grandit depuis ses quatre années de séparation. Non, Agathe n'était plus une petite fille que Mûrya pouvait regarder de haut ; c'était à présent une jeune femme. La tigresse sourit. Quelle joie de pouvoir se retrouver et accomplir leur souhait. Trouver cette fameuse terre où elles trouveraient tous ceux qui auraient le même don. Les deux demoiselles rêvaient depuis si longtemps de devenir « comme tout le monde ». C'était presque devenu une obsession. Agathe ne pouvait vivre sans ce lourd secret dans son cœur et Mûrya ne pouvait vivre sans parler à Agathe. C'était tellement dur à expliquer aux « autres » humains, ça.

Agathe franchit la première marche de l'escalier de pierre blanc. Puis une deuxième. Puis une troisième. Elle montait au ralentit, en fait (après avoir regardé si personne ne la regardait). Mûrya monta souplement et rapidement et émettant un soupir de désespoir. « Tu viens de casser ma scène, là ! » « Pardonnez – moi, Mademoiselle. Veuillez entre dans la pièce de la réception, je vous pris. » La voix de Mûrya était noble et courtoise. Agathe éclata de rire lorsqu'elle découvrit la tigresse, assise juste devant l'entrée, les oreilles couchées sur chaque côté de sa tête avec un air de duchesse sur le visage. La tigresse sourit et entra. Agathe resta deux, trois secondes devant la porte. Mûrya s'arrêta. Elle leva de nouveau les yeux au ciel (ou plutôt au plafond). « J'ai le droit de re – casser ta scène ? » Agathe émit un petit pffffffffffff et entra. Elle marchait d'un pas décidé. La tigresse ricana dans l'esprit de la jeune femme. Le bruit des talons aiguilles des chaussures noires d'Agathe résonnaient dans toute la pièce. La jeune femme fit un petit tour sur elle – même en regardant le plafond. Mûrya se plaça à ses côtés et regarda autour d'elles. Rien. « Et maintenant ? » « On attend. ». La tigresse grogna.

Les vêtements colorées d'Agathe faisaient un peu étranges comparé au style de la pièce. « Si j'avais su, j'aurais mis des vêtements plus assortis. ». Mûrya ne prit pas la peine de lui répondre « Tu me soules. », c'était tellement quotidien chez Agathe. Soit elle se trouvait bien, soit elle ne se trouvait pas bien. Aujourd'hui, elle avait fait simple. La tigresse s'assit en soupirant. Elle détestait attendre. Agathe observait la pièce pour trouver un indice. Elle était un peu perdue. Il y avait un comptoir, mais n'était personne derrière, ni ailleurs. Dommage, elle aurait tellement aimé qu'on la guide.