“ Scénario n°2 „

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WOLFS IN THE SHEEPFOLD...

♣ New-York ; Siège de la C.I.A.

Une main posée sur le rebord de la fenêtre, tournant machinalement un briquet entre ses doigts; l'autre main pressant contre ses lèvres une cigarette à moitié consumée, le détective était appuyé contre la vitre et observait d'un air pensif le plafond du bureau dans lequel il se trouvait.
Cela faisait maintenant plus de cinq ans qu'il avait quitté ses fonctions à la CIA pour ouvrir son propre cabinet. Il n'aurait jamais pensé franchir un jour à nouveau les portes de ce building, ni marcher dans ces couloirs qui lui rappelaient tant de souvenirs. Des souvenirs qu'il aurait préféré oublier...
La porte s'ouvrit soudain et un homme à forte carrure entra dans la pièce, suivi de près par une jeune femme aux longs cheveux bruns. Les deux hommes se dévisagèrent en silence durant quelques secondes, puis un sourire vint éclairer le visage du détective.

____ « Ce cher John... Lança-t-il d'une voix allègre, où perçait son accent allemand. Tu n'as pas changé, après toutes ces années.
____ ‒ J'avais peur que tu ne viennes pas, Konstantin.
____ ‒ Oh, crois-moi, j'ai longuement hésité. Mais ta lettre m'a beaucoup intrigué, je dois dire...
____ ‒ Tu penses que tu pourrais t'occuper de cette affaire ?
____ ‒ En effet, je pourrais... Mais, John, tu connais aussi bien que moi les... raisons qui m'ont poussé à quitter la CIA. Et tu sais également que pour rien au monde je ne...
____ ‒ Je te demande pas de revenir, juste de me filer un coup de main sur cette affaire.
____ ‒ Tu n'as donc plus d'agents opérationnels disponibles, pour faire appel à moi ?
Les yeux de l'homme se posèrent alors sur la jeune femme, qui s'était appuyée contre le mur dans un coin de la pièce et le fixait depuis un moment. A l'instant même où leurs regards se croisèrent, il comprit qu'il ne pourrai jamais la supporter.
____ ‒ Oh, non, il ne s'agit pas de ça. Mais, Konstantin, tu étais l'un de nos meilleurs agents. Et maintenant, tu es le meilleur détective que je connaisse. J'ai besoin de toi. Ce n'est pas une affaire comme les autres, et je sais l'intérêt que tu portes à ce genre d'enquêtes...
Le détective haussa un sourcil, fixant le directeur de son regard inquisiteur. Un léger sourire, plein d'ironie, vint alors animer ses lèvres. John connaissait son goût pour l'étrange et l'inhabituel. Et lui-même se savait incapable de résister à la tentation de mener une enquête de ce genre.
____ ‒ Ah, vraiment... Dit-il en croisant les jambes. Eh bien, dans ce cas, dis-moi en quoi cela consiste.
Le directeur ouvrit un tiroir de son bureau et en tira une photo qu'il tendit à son interlocuteur.
____ ‒ C'est le château de Brockhurst, en Angleterre. Depuis 1887, il semblerait qu'il soit habité par des gens possédant un don plutôt... inhabituel.
____ ‒ De quoi s'agit-il ?
____ ‒ Nous ne savons pas exactement... Une histoire d'animaux et de transformation... Certains en possèdent un avec qui ils peuvent soit-disant communiquer... C'est assez étrange.
____ ‒ Voilà qui est intéressant... Mais quel serait mon rôle, dans tout ça ?
____ ‒ Je veux que tu te rendes là-bas, que tu te fasses passer pour l'un d'entre eux et que tu me fasses un rapport précis et détaillé de ce qu'il se passe entre ces murs. Je veux tout savoir. En quoi consiste leur don, comment l'ont-ils acquis, ce qu'ils font, comment ils vivent, s'ils peuvent être dangereux pour le reste de la société. Tout.
____ ‒ Fort bien. Mais je crains fort de ne pas le posséder, moi, ce don. Alors comment compte-tu faire en sorte que ces gens me prennent pour l'un d'entre eux ?
____ ‒ J'y ai pensé. Murmura John en appuyant sur une touche de l'interphone. Wilson, amenez Nox, s'il-vous plait.
Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit et un jeune homme entra, tenant un fringant doberman qui tirait sur sa laisse. Le directeur la saisit et la tendit au détective, tandis que le dénommé Wilson s'éclipsait.
____ ‒ Konstantin, voici Nox. Ce chien a été dressé pour reproduire à la perfection chaque ordre que tu lui donnes. Il sera ton passeport pour Brockhurst.
Le détective caressa doucement la tête de l'animal qui le fixait de ses yeux dorés pleins de malice, la langue pendante. Un sourire amusé vint lentement éclairer son visage. Après tout, pourquoi pas... Jouer le jeu, encore une fois.
____ ‒ Et maintenant, laisse-moi te présenter celle qui sera ta coéquipière pour cette affaire : l'agent Adeïev, qui a rejoint nos rangs il y a environ six mois. Nous lui avons également confié un chien dressé. Tu seras chargé de superviser son travail.
À ces mots, la jeune femme s'avança vers lui pour lui serrer la main, mais Konstantin ne bougea pas d'un pouce. Il la dévisagea d'un air suspicieux, la détaillant sans grand enthousiasme, avant de pousser un soupir qui en disait long sur ce qu'il en pensait. Elle lui répondit par un regard acerbe, puis remit l'une de ses mèches derrière son oreille.
____ ‒ Mouais. Lâcha-t-il avec une moue peu convaincue, à laquelle le directeur ne prêta aucune attention. C'est d'accord, John. Je prends en charge cette enquête.
____ ‒ Formidable ! Dit-il en leur tendant une grosse enveloppe à chacun. Je vous laisse... disons deux mois, pour faire connaissance avec vos animaux et vous préparer pour Brockhurst. Je vous ferai parvenir vos billets d'avion pour l'Angleterre en temps voulu.
____ ‒ Eh bien, ça promet...
____ ‒ Bonne chance, mon vieux.

Konstantin se leva, le chien gambadant joyeusement autour de lui, et quitta les lieux, non sans avoir échangé une dernière poignée de mains avec le directeur. Une fois dans la rue, son regard se fit plus soucieux. Cet agent Adeïev ne lui revenait absolument pas. Mais pourtant il ne pouvait s'empêcher de sourire encore. Dans quelle histoire saugrenue venait-il encore de s'embarquer ? Il n'en savait rien, et à vrai dire il s'en fichait pas mal. Il ne sentait plus rien, rien d'autre que le parfum grisant de l'aventure qui l'appelait.

Scénario © Mr. Hyde - Tous droits réservés.

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