Il faisait beau depuis quelques jours. Le ciel était clair et dégagé, et pour la saison, le soleil se faisant doux et chaleureux. L’atmosphère était bonne, après tant de jours de pluie, les gens étaient heureux de pouvoir pointer le bout de leur nez au dehors, sans avoir peur d’être pris au dépourvu sous un déluge céleste. Cela faisait quelques semaines déjà que le pauvre Chad était passé au travers d’une fenêtre pour atterrir dans le placard de la cuisine. Il n’avait pas fait beaucoup d’exercice depuis. Ce qui était pour lui, une grave faute. Il se sentait à fleur de peau et «gros». Ce qu’il n’était pas, au contraire, son corps n’était que muscles, peau et eau (a). Mais resté à ne rien faire entre quatre murs pour accélérer la guérison de ses plaies affreusement douloureuses n’était pas dans ses habitudes saines. Il avait comme routine d’aller courir tous les jours, d’aller au gym 4 fois par semaine et de faire une après-midi de sport quelconque, selon son humeur, par semaine. Eh oui. Il était un sportif accompli, et il adorait ça.

Ce matin-là, il décida que c’était assez. Il ne restait que de cette soirée que quelques cicatrices superflues et deux plus importantes. Une sous son épaule droite et une autre sur son omoplate du même côté. D’un rose foncé, elle se mouvait avec sa peau lorsqu’il faisait des étirements. C’était hypnotisant. Enfin, passons. Il s’approcha de la fenêtre du salon de sa chambre. Il l’ouvrit et un vent frais et automnal s’engouffra dans la pièce. Que cela était bon. Il mit un pied puis l’autre sur le rebord. Et sauta.

Il s’était exercé pendant sa convalescence, à se transformer plus rapidement encore qu’il ne le faisait. Alors, lorsqu’il sauta, il ne toucha pas le sol. Il fendit l’air de ses ailes rougeâtres et s’élança en piqué vers les quelques nuages qui parsemaient l’étendue céleste. Le jeune homme, maintenant phoenix, ferma les yeux et écouta le sifflement de l’air filtré entre ses plumes. Après avoir chatouillé les nuages de ses ailes, il resta un moment à planer, caché aux yeux du monde. Survolant un moment les rues, il bifurqua et se laissa descendre vers le plancher des vaches. Chad regarda les passants, maintenant assez près du sol pour distinguer les visages. Il se foutait d’attirer l’attention. À un moment, ses yeux d’oiseau se firent accrochés par une tête familière. Une tête d’un blond doré. Souriant intérieurement, il descendit pour se poser sur une branche d’arbre, devant lequel la jeune femme allait bientôt passer. Il se retransforma à ce moment, se retrouvant assis, perché sur la branche la plus basse du chêne.

« Elynne. »

Un sourire heureux illumina son visage. Le dernier regard qu’ils avaient échangé avant qu’il ne quitte sa chambre au petit matin, n’allez rien penser de douteux (a), avait été douloureux, déchirant. Le jeune blond était content de pouvoir la revoir. Même si cela ne lui plaisait pas à elle, lui en était enchanté.

« Mais c’est plus fort que moi, tu vois je n’y peux rien. Ce monde n’est pas pour moi, ce monde n’est pas le mien. »

Pour la première fois depuis une semaine, il n'avait pas plu. Au contraire, un soleil éclatant illuminait le ciel, invitant les habitants à sortir de leurs petits chez eux, et de se dégourdir les pattes. Et je dois avouer que sortir du château, j'en avais hâte ! Je n'aimais pas rester en place, je n'aimais pas tourner en rond, sans savoir quoi faire. J'avais passé ma semaine à lire et à regarder des films, enfermée dans ma chambre. Je sais que j'aurai pu sortir me balader dans les couloirs, mais je n'avais pas envie de rencontrer une certaine personne. C'est pas que je voulais la voir mais... C'était mieux que nos chemins ne se croisent plus.

La venue du soleil était une bénédiction, parce que je commençais à sérieusement perdre la tête à attendre que le temps passe. Comme si je n'avais que ça à faire, d'attendre. Je n'avais pas toute la vie devant moi, bien au contraire. C'est pourquoi je m'étais levée tôt et que j'étais sortie rapidement du château. J'avais passé la matinée à trainer en ville, flânant das les magasins et me délectant du vent qui ébouriffait mes cheveux. Ça faisait tellement de bien !

Avant de rentrer, j'avais décidé de me balader dans le parc. J'adorais me promener dans la forêt, sentir la mousse des arbres, les fleurs. Enfin bref, vous voyez le genre. Les feuilles commençaient à tomber, tapissant le sol de couleurs orangers. L'automne était arrivé, et c'était ma saison préféré. Bon, certains poètes l'associer aussi à la mort. Mais peut-être était-ce pour ça que j'aimais cette saison. J'haussai les épaules face à cette réflexion, refermant mon imperméable d'un rouge éclatant pour ne pas tomber malade en attrapant froid. Il ne manquerait plus que ça !

« Elynne. »

J'étais pourtant sûre d'être toute seule sur le chemin. Sur le coup, je sursautai de surprise, regardant autour de moi. Perosnne. Bizarre Je finis par lever la tête, et apercevoir une forme dans les branches. Forme que je reconnus aussitôt. L'homme que j'avais soigné, l'homme qui m'avait vu dans tout mes états, l'homme que je fuyais. Zut. J'avais vraiment la poisse.

Il avait un grand sourire, visiblement heureux de me voir. Mine de rien, ça me fit plaisir de le voir comme ça, ce qui fait que je souris à mon tour. Ce sourire s'effaça pourtant rapidement, et je regardai l'arbre où il était monté. Pas d'échelle, et visiblement il fallait être très fort pour monter jusqu'à la branche où il était assis. Surement mission impossible.

« Comment es-tu monté là-haut ? »

Surement pas par le sol. Par les airs, alors ? Je me souvins qu'il avait traversé une fenêtre à l'étage du château. Et mise à part en volant, je ne voyais pas comment il avait bien pu faire cette prouesse. Surement qu'une fois encore, il avait usé de son don pour s'élever sur cette branche.

Chad avait l'air d'un gamin qui s'amusait follement à grimper dans les arbres. Son regard azur pourtant était triste. Il était hanté par une présence depuis qu'il avait été soigné. Son esprit lui représentait la femme tous les jours. Il essayait, en vain, de la chasser, d'effacer son image de son cerveau. Néanmoins, sa mémoire persistait, clairement. Même trop. Tous les détails de son visage, les reflets vert pâle dans ses yeux noisettes, sa longue chevelure doré qui tombait en cascade de part et d'autre de son visage à la peau matte. Lorsqu'il l'a aperçu du haut des voies aériennes, le coeur du jeune homme avait fait un bon. La revoir tout de suite, seulement après quelques semaines, c'était peut-être trop tôt. Il n'était pas du genre à s'attacher facilement. Au contraire, il était très indépendant. Le jeune homme avait comme coutume de passer de femme en femme, sans se soucier des sentiments, des regrets, des liaisons compliquées, de l'attachement. Volage, peut-être. Mais il n'avait pas eu le temps de s'embarquer dans une relation à long terme. Il n'était pas encore assez avancé dans la vie pour y penser. Il n'était pas rendu à cette étape. Alors voir la même fille plusieurs fois ne lui effleurait même pas l'esprit. Jusqu'à cette rencontre. Sa rencontre.

Sa tête blonde se renversa, ses mèches caressant son dos recouvert d'un manteau léger. Un sourire amusé parcourut ses lèvres rosées. Il l'avait vu sursauté et l'avait vu chercher la source de la voix. Lorsqu'elle aperçut, il vit son expression changer. Il crut lire dans ses yeux une sorte de déception qui fut contagieuse. Comme elle était déçue de le voir, lui ressentait la déception de lui produire cet effet. D'un agile bond, il sauta de sa branche pour atterrir agilement devant la jeune femme. Il se redressa et ouvrit les bras, haussant les épaules innocemment, un sourire en coin. Il fit les quelques pas qui le séparaient d'elle, et s'arrêta à un demi mètre. Du haut de ses 6 pieds, elle paraissait bien petite.

« Comment es-tu monté là-haut ? »

Alternativement, Chad regarda la branche, puis Elynne.

« As-tu déjà grimpé aux arbres étant petite, t'imaginant qu'il s'agissait de ton château ou ton repère secret ? »

Un autre jeu. Visiblement, le jeune homme ne se lassait pas de jouer avec elle. Comme un enfant. Sans attendre sa réponse, il prit ses mains et recula jusqu'à ce qu'Elynne se trouve sous la branche sur laquelle il avait été perché quelques instants auparavant. Puis, il la contourna, posant ses mains sur ses hanches. N'attendant pas que cette dernière se débatte, il raffermit son étreinte et la souleva de terre. Avant que la jeune femme n'ait atteint la branche de chêne, il la reposa, mais ne la laissa pas aller, gardant ses mains fermement contre ses hanches.

« Tu es malade. Je ne devrais pas faire ça. »

Il avait affiché l'air le plus sérieux qu'il pouvait. Il gardait son regard rivé sur cette dernière, attendant quelconque réaction. Avant que celle-ci ne vienne, il la releva encore une fois, au bout de ses bras. Si elle tournait la tête, elle pourrait voir le sourire charmant et amusé du jeune homme. Il avait déduit que c'était grave, cette maladie par laquelle elle était attaquée. Mais il ne voulait pas la prendre en pitié. Au contraire, s'il en avait l'occasion, il lui ferait vivre ce qu'elle voudrait. Il se plierait à tout, implicitement.

« Aller, attrape la branche. »

Pas qu'il soit à bout de force, mais il voulait lui montrer ce que lui il voyait. Son monde aérien.

« Vous vous arrêtez une seconde et vous restez en arrière... Plus on tente d’aller de l’avant, plus le fait de ne jamais regarder en arrière est tentant. Le passé fait toujours surface pour nous botter le cul. »

Il fut déçu lorsqu'il vit que j'étais moi-même déçue de le voir. Cette vision me fit une sorte de pincement au cœur, parce que je n'avais pas voulu qu'il voit ça. Enfin... C'est bizarre. Ma raison et mon cœur avaient deux opinions complètement différentes. Mon cœur était content de le revoir, mais ma raison me disait que c'était de la folie, que ce n'était pas bien, et qu'un jour ou l'autre lui comme moi le regretterions.

En fait, ce n'était pas que j'étais déçue. C'était surtout que je me rendais compte que cette situation était délicate, et que je ne savais pas si j'allais m'en sortir. Fuir était la meilleure solution, au moins je n'avais pas de dilemme entre écouter mon cœur ou ma raison. Fuir c'était la solution de facilité. Mais là... C'était comme être au régime, et avoir devant les yeux une part énorme de gâteau au chocolat. Une tentation énorme. Au début on résiste, et puis petit à petit on se trouve des excuses du genre "Oh un petit extra de temps en temps" ou encore "Tant pis je commencerai mon régime demain". Après tout... Mais non, il fallait que je tienne.

« As-tu déjà grimpé aux arbres étant petite, t'imaginant qu'il s'agissait de ton château ou ton repère secret ? »

Je me contentai d'acquiescer. Bien évidemment. J'aimais la hauteur, j'aimais monter aux arbres. Avec mon père on avait même fait une cabane dans les arbres. En été il m'autorisait même à dormir dedans. Je passais ainsi la nui à regarder les étoiles entres les branches. C'était de merveilleux souvenirs. À ces souvenirs, je souris, naïvement. C'était la bonne époque.

Pendant que je repensais à tout ça, l'homme s'était déplacé, se plaçant derrière moi. Je frémis lorsqu'il fit une pression au niveau de mes hanches, étant d'un naturel assez chatouilleux. Il me souleva dans les airs, vers la branche. Simplement il n'y mit pas assez de force, et je reposai pieds à terre.

« Tu es malade. Je ne devrais pas faire ça. »

S'il avait croisé mon regard, il aurait vu un éclair de colère passait dans mon regard. "Tu es malade". C'était bien l'expression que je détestais. En quoi être malade devait me priver de certaines choses ? Je pouvais courir, mon cœur et mes poumons n'avaient aucun problème. Je pouvais faire en gros ce que je voulais, du moment que je prenais régulièrement mes médicaments pour éviter les crises. Oui, ça m'énervait ce genre de comportement. Et si le garçon ne m'avait pas soulevé à nouveau, je crois que je lui aurais exprimé ma façon de penser.

« Aller, attrape la branche. »

Ce que je fis avec une certaine aisance. Je me hissai rapidement sur le branche, sans grande difficulté. Ma condition de félin me conférait une certaine souplesse et de l'agilité. Je me retrouvai assise sur la branche, au même endroit que le garçon il y a quelques minutes. En hauteur, je me sentais toujours bien, j'étais à l'aise, dans mon élément. Les félins aimaient la hauteur, car ils aimaient dominer.

« Et toi, tu comptes grimper comment ? En vlant ? » J'haussai un sourcil, curieuse de voir quelle méthode il allait employer. « Quoi que, avec toi sur la branche, je suis pas sûre qu'elle tienne le coup. »

Je lui fis un clin d'œil, complice. Oui, je sais, c'est pas bien !

Chad ne savait si cette situation lui était favorable ou non. Il se doutait très clairement que la jeune femme essaierait de le fuir, de l'éviter si vraiment ce qui l'atteignait été incurable. Il n'était pas bête et ne le serait pas demain la veille. Cependant, il ne s'en souciait pas ou faisait mine de ne pas en être troublé. La jeune femme ne devrait-elle pas être elle-même bien placée pour savoir qu'il fallait penser et vivre le moment présent ? Il craignait de la vexer ou provoquer une quelconque réaction dévastatrice qui aurait de graves conséquence sur lui ( ) s'il lui parlait ouvertement de sa condition, comme ça. Il se tut donc et se contenta de la soulever de terre une seconde fois. Il était vrai que le jeune homme n'avait rien vu du regard furibond de la jeune femme. Il se contenta de l'imaginer puisqu'il était certain de la réaction qu'il avait provoqué. Consciemment, cela dit. En quelque sorte, Elynne lui était tellement prévisible. Elle réagissait comme un enfant. Un enfant qui se met à bouder lorsqu'on lui interdit de faire quoi que ce soit de trop dangereux pour lui. Certes, parfois, c'était à tord, ce la pouvait s'avérer n'être qu'une mesure de sécurité. Cependant, Chad savait lui aussi ce que cela faisait se faire interdire des millions de choses, parce que la pitié prédomine, parce que les gens voulaient lui faire la charité. Mais cela, c'est une autre histoire.

La jolie blonde agissait aussi en gamine chaque fois qu'elle entrait dans un personnage. Et sans s'en cacher, Chad adorait ce genre de divertissements. Le jeune homme la voyait comme une enfant qui refuse de grandir. Qui refuse d'arriver à la fin de sa route. À bien y penser, ce n'était pas comme si lui allait éviter cet affreux évènement qu'est sa propre mort. Regardant d'un oeil distrait la jeune femme alors qu'elle grimpait avec plus de facilité que n'importe qui dans le grand chêne, il eut un petit sourire pour lui. Au moins, elle quitterait ce monde dans l'apogée de sa beauté. Piètre consolation, mais tout de même. Au moins elle savait qu'elle mourrait bientôt. Comme un délai ; « Vis au maximum, tu meurs bientôt. » Le genre de motivation que cela prend pour repousser les limites. Ce fut la voix de la blonde qui le sortit de ses rêvasseries.

« Et toi, tu comptes grimper comment ? En volant ? Quoi que, avec toi sur la branche, je suis pas sûre qu'elle tienne le coup. »

Le jeune homme lui tourna le dos. Levant le menton, il fit mine de bouder, les bras croisés contre son torse. Qu'insinuait-elle ? Qu'il était gros ? Elle allait voir. Il s'éloigna de quelques pas, avant de refaire face au chêne qui arborait fièrement la jeune femme sur sa plus basse branche. Chad se mit à courir et sauta, d'un bond aussi léger que s'il avait atteint la branche sous sa forme animale. À bout de bras, il se balança vivement pour venir s'asseoir aux côtés de la demoiselle. Il faut que son autre facette jouait beaucoup sur ses aptitudes humains. Il était fort des bras et du dos. Ses jambes, même si elle servaient peu souvent alors qu'il volait, étaient aussi d'une étonnante force. Pour trimbaler des objets lourds, elles lui étaient bien utiles quand il était phoenix, alors humain, elles étaient plus puissantes que la moyenne. Non il ne se vantait pas, loin de lui cette idée ! Quoique, une idée lui traversa l'esprit à ce moment-là..

« Pas besoin de voler pour ça. » fier, il mit ses poings sur ses hanches. Il était pire qu'un gamin quand il s'y mettait. « Il n'y a pas grand chose qui arrive à me supporter. »

Accusateur ? Peut-être un peu. Il lui sourit doucement, sans pour autant lui faire les reproches autrement que dans des paroles qui ne lui tenaient pas tellement à coeur. Répondant à son clin d'oeil, il se releva et se tient debout, à la jointure entre la branche et le tronc. Il lui tendit la main, et d'un signe de tête, il lui montra les branches supérieures. Il se doutait que son aide ne serait d'aucune utilité.


( me tape pas si c'est nul en fait ce l'est alors te fâche pas ; je m’innocente en disant que j'ai une idée derrière la tête )